Pertes grises qui sentent le poisson, odeur qui s'intensifie après les rapports ou pendant les règles, impression que ça revient sans arrêt même après traitement. Vous n'êtes pas seule, 23 à 29% des femmes en âge de procréer ont déjà eu une vaginose bactérienne.
Ce n'est pas une infection sexuellement transmissible, ce n'est pas un problème d'hygiène, et non, vous n'avez rien fait de "sale". C'est un déséquilibre de votre flore vaginale qui a des causes précises et des solutions efficaces. Cet article vous explique comment la vaginose se développe, pourquoi elle récidive chez certaines femmes, et surtout comment s'en débarrasser définitivement.
💡 Ce que vous allez comprendre
C'Est Quoi Une Vaginose Bactérienne (Sans Le Jargon)
Votre vagin abrite naturellement des millions de bactéries. Ça paraît dégoûtant dit comme ça, mais ces bactéries sont là pour vous protéger. Les plus importantes s'appellent les lactobacilles. Ce sont elles qui maintiennent un pH acide (entre 3,8 et 4,5) dans votre vagin pour empêcher les bactéries pathogènes de proliférer.
Une vaginose bactérienne, c'est quand cet équilibre se casse la figure. Les lactobacilles diminuent, et d'autres bactéries (Gardnerella vaginalis, Prevotella, Atopobium vaginae) en profitent pour se multiplier. Le pH du vagin devient plus alcalin (monte jusqu'à 5-5,5), et c'est là que les symptômes désagréables apparaissent.

⚠️ Important à comprendre
La vaginose n'est PAS une infection sexuellement transmissible. Vous ne l'attrapez pas comme une chlamydia ou une gonorrhée. C'est votre propre flore vaginale qui se déséquilibre. Même les femmes qui n'ont jamais eu de rapports sexuels peuvent en avoir. Par contre, l'activité sexuelle peut favoriser ce déséquilibre (on y revient juste après).
Les Symptômes Qu'On Ne Peut Pas Louper
Toutes les femmes n'ont pas de symptômes, certaines ont une vaginose sans s'en rendre compte. Mais quand les symptômes sont là, ils sont assez caractéristiques.
🆚 Vaginose VS Mycose : Comment Faire La Différence
Ces deux infections sont souvent confondues. Pourtant, elles n'ont rien à voir.
Comment On "Attrape" Une Vaginose (Les Vraies Causes)
Vous n'attrapez pas une vaginose comme on attrape un rhume. C'est votre propre flore qui se déséquilibre à cause de facteurs précis. Certains sont contrôlables, d'autres moins.
1. Les Douches Vaginales (L'Erreur Numéro Un)
Rincer l'intérieur de votre vagin avec de l'eau ou un produit nettoyant détruit littéralement votre flore protectrice. Les lactobacilles sont évacués avec l'eau, et les bactéries pathogènes en profitent pour coloniser le terrain vide.
🚫 Jamais, au grand jamais
Votre vagin s'auto-nettoie. Vous n'avez JAMAIS besoin de laver l'intérieur. Lave uniquement la vulve (l'extérieur) avec de l'eau claire ou un savon doux au pH neutre. Les douches vaginales augmentent de manière significative le risque de vaginose bactérienne.
2. L'Hygiène Excessive (Oui, Trop C'Est Trop)
Se laver la vulve 3-4 fois par jour avec des gels douche parfumés, des savons antibactériens ou des lingettes intimes parfumées déséquilibre le pH vaginal. Vous détruisez les "bonnes" bactéries en voulant être "propre".
✅ La bonne routine d'hygiène
- Une toilette par jour maximum (deux en cas de règles ou forte chaleur)
- Eau claire ou savon doux au pH neutre/légèrement acide
- Uniquement la vulve (l'extérieur), jamais l'intérieur du vagin
- Tamponnez pour sécher, ne frottez pas
- Sous-vêtements en coton, évitez le synthétique qui ne respire pas
3. Les Antibiotiques (Effet Boomerang)
Les antibiotiques tuent les bactéries sans faire de distinction entre les bonnes et les mauvaises. Quand vous prenez des antibiotiques pour une angine, une infection urinaire ou n'importe quoi d'autre, votre flore vaginale trinque aussi. Les lactobacilles disparaissent, et boom, vaginose.
💡 Solution : Après un traitement antibiotique, prenez des probiotiques (Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus rhamnosus) pour restaurer votre flore vaginale. Parlez-en à votre médecin ou pharmacien.
4. L'Activité Sexuelle (Pas Une IST, Mais Quand Même)
L'activité sexuelle intense ou le changement fréquent de partenaires peut déséquilibrer la flore vaginale. Le sperme a un pH alcalin (7,2-8), ce qui peut temporairement augmenter le pH vaginal et favoriser la prolifération de Gardnerella vaginalis.
Précisions importantes
- La vaginose n'est PAS une IST, votre partenaire masculin n'a généralement pas besoin de traitement
- Par contre, elle peut se transmettre entre femmes lors de rapports sexuels
- Les personnes atteintes de vaginose ont un risque accru de contracter une vraie IST (VIH, chlamydia, gonorrhée) car la flore protectrice est affaiblie
- Une étude récente (2025) montre que traiter le partenaire masculin (antibiotiques oraux + crème topique) réduit les récidives de vaginose chez certaines femmes
5. Le Stérilet Au Cuivre (DIU)
Le DIU au cuivre modifie légèrement l'environnement vaginal et peut favoriser l'apparition d'une vaginose chez certaines femmes. Si vous avez un stérilet et des vaginoses à répétition, parlez-en à votre gynécologue.
6. Les Règles (Le Sang Change Le pH)
Le sang menstruel a un pH de 7,4 (alcalin). Quand il s'écoule, il dilue les lactobacilles protecteurs et augmente temporairement le pH vaginal. C'est pour ça que beaucoup de femmes développent une vaginose juste après leurs règles.
💡 Astuce pendant les règles
Évitez les tampons et serviettes parfumés qui irritent la muqueuse. Changez régulièrement votre protection (tampon toutes les 4-6h max, cup toutes les 8-12h). Les culottes menstruelles laissent respirer et limitent la macération.
7. Le Stress Et Le Tabac (Facteurs Aggravants)
Le stress chronique modifie votre système immunitaire et peut déséquilibrer votre flore vaginale. Le tabagisme a également été identifié comme un facteur de risque de vaginose bactérienne, bien que le mécanisme exact ne soit pas totalement compris.
8. Le Manque Naturel De Lactobacilles (Génétique)
Certaines femmes produisent naturellement moins de lactobacilles que d'autres. Ce n'est pas de votre faute, c'est votre microbiote vaginal de base. Dans ce cas, les récidives sont plus fréquentes et nécessitent parfois un traitement de fond avec des probiotiques.
Les Solutions Pour Soigner Une Vaginose
La vaginose se soigne bien avec des antibiotiques. Le problème, ce ne sont pas les traitements qui manquent, c'est la récidive qui revient dans 30 à 40% des cas dans les 3 mois suivant le traitement.

Le Traitement Standard (Antibiotiques)
Le traitement de référence est le métronidazole, un antibiotique qui cible les bactéries anaérobies comme Gardnerella vaginalis.
⚠️ Précautions avec le métronidazole
- Zéro alcool pendant le traitement et 48h après (risque d'effet antabuse : nausées, vomissements, maux de tête sévères)
- Peut provoquer des nausées, goût métallique dans la bouche
- Les traitements locaux (gel, ovules) ont moins d'effets secondaires que les comprimés oraux
- Demandez conseil à votre médecin ou pharmacien
Les Probiotiques (Pour Éviter Les Récidives)
Les antibiotiques tuent les bactéries pathogènes, mais ils ne restaurent pas votre flore protectrice. C'est là que les probiotiques entrent en jeu. De nombreuses études montrent qu'ils réduisent significativement le taux de récidive.
📊 Ce que disent les études scientifiques
- Une étude sur 120 femmes (2010) montre que les probiotiques réduisent la récidive de vaginose de 45% à 15,8% sur 11 mois
- Une revue systématique (2024) identifie Lactobacillus rhamnosus TOM 22.8 comme la souche la plus efficace
- Les probiotiques contenant Lactobacillus crispatus réduisent le taux de récidive de 30 à 50%
- L'administration vaginale semble plus efficace que l'administration orale selon plusieurs études
Quels probiotiques choisir ?
- Lactobacillus rhamnosus GR-1 et Lactobacillus reuteri RC-14 : les souches les plus étudiées
- Lactobacillus crispatus IP 174178 : très efficace en administration vaginale
- Lactobacillus acidophilus : disponible dans de nombreux produits
- Dose recommandée : au moins 10⁹ CFU (10 milliards de colonies) par jour
- Durée : 2 à 3 mois pour restaurer durablement la flore
- Forme : ovules/capsules vaginales ou gélules orales (les deux peuvent fonctionner)
Les Traitements Naturels (Complément, Pas Remplacement)
Certains traitements naturels peuvent aider en complément, mais ils ne remplacent PAS les antibiotiques prescrits par un médecin. Ne jouez pas avec votre santé.
🚫 Ne faites JAMAIS ça
- Insérer de l'ail dans le vagin (risque de brûlure chimique)
- Faire des bains de vinaigre ou bicarbonate
- Utiliser des huiles essentielles pures non diluées
- Essayer de vous soigner seule sans consulter si les symptômes persistent plus de 2-3 jours
Vaginose À Répétition : Pourquoi Ça Revient
C'est LA question qui revient le plus. Vous avez fait le traitement, ça a fonctionné, et 2-3 semaines après, ça recommence. Frustrant, non ?
Les raisons des récidives
1. Les antibiotiques ne restaurent pas la flore
Ils tuent les bactéries pathogènes, mais ne réintroduisent pas les lactobacilles. Résultat : le terrain est vide, et Gardnerella vaginalis revient à la charge.
2. Les facteurs de risque persistent
Si vous continuez les douches vaginales, l'hygiène excessive, les rapports non protégés avec changement de partenaires, ou si vous gardez votre stérilet, le déséquilibre va se reproduire.
3. Votre flore de base est faible
Certaines femmes produisent naturellement moins de lactobacilles. Dans ce cas, un traitement de fond avec des probiotiques (plusieurs mois) est souvent nécessaire.
4. Réinfection par le partenaire
Bien que controversé, certaines études suggèrent que les partenaires masculins peuvent porter Gardnerella vaginalis et réinfecter la femme. Un traitement du partenaire peut être envisagé en cas de récidives multiples.
🔄 Le protocole anti-récidive qui marche
Étape 1 : Traitement antibiotique complet (ne pas arrêter avant la fin même si les symptômes disparaissent)
Étape 2 : Probiotiques vaginaux pendant 2-3 mois (Lactobacillus rhamnosus ou crispatus)
Étape 3 : Corriger les facteurs de risque (arrêt douches vaginales, hygiène adaptée, préservatifs)
Étape 4 : Traitement probiotique d'entretien si récidives fréquentes (1 semaine par mois pendant 6 mois)
Étape 5 : Considérer le traitement du partenaire en cas d'échec (discuter avec votre médecin)
Les Erreurs Qui Aggravent La Situation
Certaines habitudes bien intentionnées empirent le problème au lieu de l'améliorer.
❌ Multiplier les toilettes intimes
Plus vous vous lavez, plus vous détruisez votre flore. Une fois par jour suffit. Deux maximum en cas de règles ou forte chaleur.
❌ Utiliser des produits "spécial hygiène intime"
Les gels, lingettes et savons "spécial hygiène intime" sont souvent bourrés de parfums et de produits irritants. L'eau claire ou un savon doux au pH neutre, c'est largement suffisant.
❌ Porter des strings et sous-vêtements synthétiques
Les strings frottent et favorisent le passage de bactéries de l'anus vers le vagin. Le synthétique ne laisse pas respirer et crée un environnement chaud et humide parfait pour les bactéries. Privilégiez le coton.
❌ Arrêter le traitement trop tôt
Les symptômes disparaissent souvent après 2-3 jours. Mais si vous arrêtez les antibiotiques avant la fin du traitement, les bactéries survivantes vont se multiplier à nouveau. Allez jusqu'au bout.
❌ Ne traiter que les symptômes sans chercher la cause
Si vous avez des vaginoses à répétition, il faut identifier et corriger les facteurs de risque. Sinon, vous allez tourner en rond.
Protection Confortable Pendant Les Règles
Les règles peuvent favoriser l'apparition d'une vaginose en changeant le pH vaginal. Nos culottes menstruelles en coton respirant limitent la macération et l'humidité, contrairement aux serviettes et tampons parfumés qui irritent la muqueuse.
Les Complications Si Vous Ne Traitez Pas
La vaginose bactérienne n'est pas juste "désagréable". Si elle n'est pas traitée, elle peut entraîner des complications plus sérieuses.
🤰 Femmes enceintes : consultez rapidement
Si vous êtes enceinte et que vous avez des symptômes de vaginose (pertes grises, odeur de poisson), consultez sans attendre. Le traitement est compatible avec la grossesse et permet d'éviter des complications graves pour votre bébé.
Comprendre Pour Mieux Soigner
La vaginose bactérienne n'est ni une infection sexuellement transmissible, ni un problème d'hygiène, ni quelque chose de honteux. C'est un déséquilibre de votre flore vaginale qui a des causes identifiables et des solutions efficaces. Les antibiotiques (métronidazole ou clindamycine) permettent de traiter l'infection en quelques jours, mais c'est la restauration de votre flore avec des probiotiques et la correction des facteurs de risque qui éviteront les récidives.
Si vous avez des pertes grises, une odeur de poisson, ou des vaginoses à répétition, consultez un médecin ou une sage-femme. Ne laissez pas traîner, et surtout, arrêtez de vous en vouloir ou de penser que c'est de votre faute. Votre vagin fait ce qu'il peut pour se protéger, parfois il a juste besoin d'un coup de main.
Sources & Références Scientifiques
Cet article s'appuie sur des publications scientifiques récentes et des données de santé publique internationale.
Épidémiologie et définition
- World Health Organization. (2024). Bacterial vaginosis. WHO Fact Sheet
- Kenyon C, Colebunders R, Crucitti T. (2013). The global epidemiology of bacterial vaginosis: a systematic review. American Journal of Obstetrics and Gynecology. DOI: 10.1016/j.ajog.2013.05.006
Probiotiques et prévention des récidives
- Ya W, Reifer C, Miller LE. (2010). Efficacy of vaginal probiotic capsules for recurrent bacterial vaginosis: a double-blind, randomized, placebo-controlled study. American Journal of Obstetrics and Gynecology. DOI: 10.1016/j.ajog.2010.05.023
- Bohbot JM, Daraï E, Bretelle F, et al. (2018). Efficacy and safety of vaginally administered lyophilized Lactobacillus crispatus IP 174178 in the prevention of bacterial vaginosis recurrence. Journal of Gynecology Obstetrics and Human Reproduction. DOI: 10.1016/j.jogoh.2017.11.005
- Udjianto U, Sirat NA, Rahardjo B, Zuhriyah L. (2025). Effective probiotic regimens for bacterial vaginosis treatment and recurrence prevention: A systematic review. Narra Journal. DOI: 10.52225/narra.v5i1.1671
- Homayouni A, Bastani P, Ziyadi S, et al. (2014). Effects of probiotics on the recurrence of bacterial vaginosis: a review. Journal of Lower Genital Tract Disease. DOI: 10.1097/LGT.0b013e31829156ec
Traitement antibiotique
- Workowski KA, Bachmann LH, Chan PA, et al. (2021). Sexually Transmitted Infections Treatment Guidelines, 2021. MMWR Recommendations and Reports. CDC Guidelines
- Bradshaw CS, Sobel JD. (2016). Current Treatment of Bacterial Vaginosis—Limitations and Need for Innovation. The Journal of Infectious Diseases. DOI: 10.1093/infdis/jiw159
Complications et facteurs de risque
- Atashili J, Poole C, Ndumbe PM, et al. (2008). Bacterial vaginosis and HIV acquisition: a meta-analysis of published studies. AIDS. DOI: 10.1097/QAD.0b013e3282f2e165
- Brotman RM, Klebanoff MA, Nansel TR, et al. (2010). Bacterial vaginosis assessed by gram stain and diminished colonization resistance to incident gonococcal, chlamydial, and trichomonal genital infection. The Journal of Infectious Diseases. DOI: 10.1086/657320
Note : Les liens DOI permettent un accès direct aux publications scientifiques originales. Cet article a été rédigé en conformité avec les connaissances médicales actuelles.
Avertissement médical : Cet article est destiné à des fins informatives uniquement et ne remplace pas un avis médical professionnel. Si vous présentez des symptômes de vaginose bactérienne, consultez un médecin, une sage-femme ou un gynécologue.